Ce même jour, j’ai vu deux choses fort réputées. L’une est la dite “Messe Rouge”. Cette cérémonie a lieu au Palais Marchand où il y a des échafaudages (tréteaux) couvert des marchandises. Pour la messe, une des nombreuses galeries est nettoyée. Alors, à une des extrêmités de cette vaste et longue galerie, on élève un autel où la messe est dite.
Le jour de la réunion du Parlement étant la Saint Martin, ce fut hier. C’est la cérémonie d’ouverture à laquelle les Membres du Parlement paraissent avec une sorte de chape rouge d’un goût singulièrement désuet. Ainsi, les quarte Présidents présents (il a bien plus), étaient habillés d’une façon fort singulière: chape rouge doublée d’hermine blanche avec, autur du cou, une sorte de petite cape que les femmes de chez nous commencent à porter. La chape a une traîne d’environ une coudée. Par devant il y a la même chose en peau d’hermine.
Je ne saurais décrire la curiosité de cette chape. Les Membres ordinaire du Parlement ne sont vêtus comme les Présidents. Mais ce qui dépasse l’étrangeté de ces étonnantes chapes, c’est que les Présidents, assis loin de l’autel, s‘en aprochent (pg. 53) pour baiser le ciboire et le plateau contenant les hosties, tout en tirant des révérences aux prêtres, des révérences en arrière comme des dames. Puis ils tournente le dos pour regagner leurs sièges, tout faisant ces révérences de femmes. Arrivés à leurs sièges, ils avancent sans autres façons vers les prêtres. Arrivés à une petite distance de ceux-ci, ils retournent de nouveau, pour gagner leurs sièges, avec les mêmes révérences. Chaque Préient, l’un après l’autre, doit faire ces lentes révérences qui prennent ainsi beaucoup de temps. Chacun doit faire, à peu près, quatre compliments semblables. Ces drôles de compliments gothiques s’exécutent avec beaucoup de sérieux de la part des graves personnages, mais les spectateurs s’en amusent bruyamment.
Je fus surpris que les Présidents puissent ne pas rire, surtout le troisième Président qui est encore bien jeune. Cependant, de nouveau rassis, ils se sont rattrapés. On doit observer cette vieille coutume. Les autres Membres du Parlement avancent ensemble vers l’autel, sans révérences, ainsi cela s’exécute fort rapidement.
D’ailleurs, ce Parlement se compose de fort honnêtes gens. Il y en avait une cinquantaine. Le Président principal était Mosieur de Meaupou.
Je ne peux me retenir de notter que, à mon avis, tout les Membres du Parlement ne sont point catholiques romains; à l’exception de cinq ou six, ils ont donné peu de signes de dévotion, sauf les génuflexions pendant la messe; et même aux moments les plus solennels il y en avaient qui souriaient.
Les spectateurs de cette cérémonie étant fort nombreux, les sièges se payent. Ma place était des meilleurs et je l’ai payée une petit thaler e trois livres.
Cette messe s’appelle la “Messe Rouge” parce que les Membres du Parlement son vêtus de rouge.
L’autre spectacle eut lieu dans l’aprés-midi, à trois heures: c’est l’ouverture de l’Académie des Sciences. Nous y avons été avec Monsieurs Clairaut.
Cette Académie se réunit au “Vieux Louvre” bien que cette dénomination soit fausse puisqu’il n’y a point de “Nouveau Louvre”.
Le jour de la réunion du Parlement étant la Saint Martin, ce fut hier. C’est la cérémonie d’ouverture à laquelle les Membres du Parlement paraissent avec une sorte de chape rouge d’un goût singulièrement désuet. Ainsi, les quarte Présidents présents (il a bien plus), étaient habillés d’une façon fort singulière: chape rouge doublée d’hermine blanche avec, autur du cou, une sorte de petite cape que les femmes de chez nous commencent à porter. La chape a une traîne d’environ une coudée. Par devant il y a la même chose en peau d’hermine.
Je ne saurais décrire la curiosité de cette chape. Les Membres ordinaire du Parlement ne sont vêtus comme les Présidents. Mais ce qui dépasse l’étrangeté de ces étonnantes chapes, c’est que les Présidents, assis loin de l’autel, s‘en aprochent (pg. 53) pour baiser le ciboire et le plateau contenant les hosties, tout en tirant des révérences aux prêtres, des révérences en arrière comme des dames. Puis ils tournente le dos pour regagner leurs sièges, tout faisant ces révérences de femmes. Arrivés à leurs sièges, ils avancent sans autres façons vers les prêtres. Arrivés à une petite distance de ceux-ci, ils retournent de nouveau, pour gagner leurs sièges, avec les mêmes révérences. Chaque Préient, l’un après l’autre, doit faire ces lentes révérences qui prennent ainsi beaucoup de temps. Chacun doit faire, à peu près, quatre compliments semblables. Ces drôles de compliments gothiques s’exécutent avec beaucoup de sérieux de la part des graves personnages, mais les spectateurs s’en amusent bruyamment.
Je fus surpris que les Présidents puissent ne pas rire, surtout le troisième Président qui est encore bien jeune. Cependant, de nouveau rassis, ils se sont rattrapés. On doit observer cette vieille coutume. Les autres Membres du Parlement avancent ensemble vers l’autel, sans révérences, ainsi cela s’exécute fort rapidement.
D’ailleurs, ce Parlement se compose de fort honnêtes gens. Il y en avait une cinquantaine. Le Président principal était Mosieur de Meaupou.
Je ne peux me retenir de notter que, à mon avis, tout les Membres du Parlement ne sont point catholiques romains; à l’exception de cinq ou six, ils ont donné peu de signes de dévotion, sauf les génuflexions pendant la messe; et même aux moments les plus solennels il y en avaient qui souriaient.
Les spectateurs de cette cérémonie étant fort nombreux, les sièges se payent. Ma place était des meilleurs et je l’ai payée une petit thaler e trois livres.
Cette messe s’appelle la “Messe Rouge” parce que les Membres du Parlement son vêtus de rouge.
L’autre spectacle eut lieu dans l’aprés-midi, à trois heures: c’est l’ouverture de l’Académie des Sciences. Nous y avons été avec Monsieurs Clairaut.
Cette Académie se réunit au “Vieux Louvre” bien que cette dénomination soit fausse puisqu’il n’y a point de “Nouveau Louvre”.
(pg.52)
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