miercuri, 28 martie 2012

Essai sur la Foiblesse des Esprits- Forts, par J.T.de Sz.C.d.S.E.R.



Essai sur la Foiblesse des Esprits- Forts, par J.T.de Sz.C.d.S.E.R.; a Amsterdam, Chez M.M.Rev.; MDCCLXI;

Periculosum est credere, & non credere;

Ergo exploranda est veritas multùm priùs

Quàm stulta pravè judicet sententia.

PHÆD.Lib.III.Fab.X.

Avertissement de L’Editeur.

Cet ouvrage, destiné à l’impression, comme l’annonce la Préface, ne l’étoit pas a une si grande publicité: l’Auteur ne vouloit en faire tirer qu’un certain nobre d’exemplaires pour ses Amis; & en me communiquant son Essai, d’une première Edition très-fautive, son intention n’étoit que de remédier, dans une seconde aussi peu nombreuse, à ces défauts accessoires. Mais l’Ouvrage m’ayant paru ce qu’il paroîtra, je m’assure, aux Lecteurs éclairés, j’en ai sollicité la publication; & m’étant chargé de tout le blâme, j’ai eu le plaisir de vaincre la modestie de l’Auteur.

J’ai lû quelque part que le célèbre Abbadie avoit conçu le plan, & rassemblé les matériaux de son immortel Traité de la vérité de la Religion Chrêtienne, à l’àge de 27 ans. Je crois faire plaisir au Public de lui apprendre que l’Auteur de cet Essai est de beaucoup plus jeune. & que les connoissances de la Religion ne sont pas les seules qui le distinguent. Il est beau d’être Théologien, & Mathématicien, à son âge: une fait si rare justifie mon indiferetion. Je suis tenté d’en commettre une autre, dût encore M.le C.de T. m’en defavouer & me vouloir du mal, de ne pas garder pour moi la confidence qu’il m’avoit faite, en ami, d’une lettre de M.Bernoulli, ou cet illustre Savant s’exprime ainsi: “Vous me marquez, Monsieur, par votre Lettre de Leyde du 24 Septembre, que votre Brochure contre les Esprits-Forts va bientôt paroître: je vous en fais mes compliments. S’il est bien déplorable que la Cause de Dieu ait besoin de défenseurs, il vous est bien glorieux d’avoir si bien défendu cette Cause. Vos arguments sont concluans, sublimes, & spirituels.

A Paris, ce 17 Décembre 1760.”

A Monsieur Daniel Bernoulli, Docteur en Medecine,

Professeur de Physique en l’Université de Bâle, Membre de l’Acadéie Royale des Sciences de Paris, de celle de St-Pétersbourg, de la Societé Royale de Londres, &c.&c.&c.

Monsieur,

Vous avez la complaisance de donner des éloges à mon Livre, & j’ai la vanité de ne les pas prendre tout-à-fait pour complimens. Mais le plaisir que je ressens ne seroit pas complet, si vous ne me permettiez de me prèvaloir de votre suffrage pour la cause que je dèfends. Elle souffre beaucoup dans le monde de la prévention où l’on est, qu’ellen’a, & ne peut même avoir des partisans que parmi les Esprits foibles. Votre Nom, Monsieur, à la tête de mon livre, dissipera ce préjugé: quiconque saura que mes raisonnemens on mérité votre approbation, ne pourra qu’en conclure que mes Adversaire n’ont pas pour eux les Esprits le plus forts.

Agréez cet hommage de la part de

Votre sincère admirateur & ami,

Le C.de T.

Paris, ce 24 Décembre 1760.

Préface

La démangeaison d’écrire est, sans contredit, trés- générale aujourd’hui; on le voit par la multitude de Livres qui paroissent tous les jours. Cependant, s’il en falloit croire la plûpart des Préfaces, les Auteurs ne publient jamais leurs Ouvrages qu’à regret, & y étant forcé par les prières de leurs Amis, ou par les importunités des Libraires. Mais si ces fortes d’excuses sont devenues suspectes dans les Auteurs mêmes qui se sont mis en quelque réputation, elle ne pourroit naturellement qu’être encore plus mal placée dans la Préface d’un nouvel Auteur qui publie ses premiers essais. C’est par cette raison que je n’ose m’en servir, & que sans dissimuler le vrai ressort qui me fait agir, j’avoue ingénument mon crime, & n’ea rejette la faute sur personne: j’ai voulu écrire. Je n’ignore pas qu’on se plaint tous les jours de la multitude des Livres, qui est, dit-on, à charge àla République des Lettres. Mais quoique la petitesse de cet Ouvrage, qui par sa grosseur mérite à peine d’être compté parmi les brochures, me dispenseroit à bon droit de le défendre contre cette plainte, je ne puis cependant m’empêcher de remarquer, qu’àtout bien examiner, elle me paroît peu fondée. Sans entrer dans une dispute régulière sur ce sujet, je dirai en peu de paroles mes raisons: 10. Cette ambition de devenir Auteur, qui produit ce nombre de Livres, contribue beaucoup à l’avancement des Sciences. Tout le monde se mêle d’écrire, & par conséquent un chacun s’empresse d’écrire mieux que les autres, d’autant plus qu’aujourd’hui ce n’est qu’à force de bonté dans un Livre qu’on peut briller parmi tant de rivaux. Et c’est à cette noble émulation que nous devons la plûpart de nos bons Livres, & de nos nouvelles découvertes; au lieu que si le métier d’écrire n’appartenoit qu’à de certaines personnes privilégiées, pour ainsi dire, par leur réputation acquise, tout languiroit par cette espèce de monopole. 20. Cette multitude de Livres n’empiète point sur les droits des vrais Savans à la renommée. Loin que cette foule prodigieuse de mauvais Auteurs les obscurcisse, ils en brillent d’avantage. On ne pourroit faire la différence entre les Etoiles, si l’on ne  voyoit que celles de la première grandeur. Est-ce que les Newtons, les Leibnitz, & les Bernoullis, sont ou seront jamais moins admirés, àcause de ce grande nombre d’Auteurs qui se mêlent de la mêe matiè qu’eux? Est-ce que toute l’armée des mauvais Glossateurs pourra jamais ternir la gloire de Grotius ou de Puffendorff? De Thou n’est-il pas encore regardé comme le modèle des Historiens, malgré tant d’histoires qu’on a écrites depuis? Homère, Horace, Virgile, ou Ovide, peuvent-ils être éclipsé par tous nos faiseurs de vers? Je ne finirois jamais, si je voulois continuer les examples qui confirment la vérité de ma thèse. 30. La plûpart de ceux qui composent des Livres n’ont rien à faire; ou du moins les personnes les plus occupées ne composent que lorsqu’elles ne le sont pas. Or. L’on remplit très-innocemment le vuide de son tems en composant des Livres, quoiqu’ils soient inutiles, pourvû qu’ils ne soient point mauvais foncièrement. Il suffit qu’on soit occupé, pour être garanti de toutes les mauvaises fuites de l’oisiveté. 40. Les ouvrages qui sont inutiles au Public, ne le sont pas toujours pour leurs Auteurs, qui par-là augmentent très-souvent leurs connoissances. 50. Le nombre des Livres inutiles n’est pas à beaucoup près si grand qu’on se l’imagine; il y en a très-peu qui ne soient bons à quelque chose; & quoiqu’il y en ait beaucoup qui ne valoient pas la peine d’être composés, il y en a certainement bien moins qui ne vaillent celle d’être lus. Tous ces argumens m’ont persuadé qu’il n’y a pas tant de mal à publier ses pensées, & m’ont encouragé à faire voir le jour à ce petit traité, composé entre mes Amis. Mon Livre n’ayant rien d’extraordinaire à alléguer en sa faveur, c’est par intérêt que je lui cherche un asyle dans ces argumens généraux, qui défendent sans distinction les foibles essais des Auteurs médiocre contre une critique trop sévère. J’avouerai donc ingénument, pour me soustraire à une telle critique, que quoique j’aye écrit contre les Esprits-forts, je ne prétends point les convertir tous. Si mes forces étoient en raison de ma bonne volonté, je ne douterois pas du succès d’une telle entreprise. Mais, sachant que toute force, quelque grande qu’elle foit, peut êre partagée dans des parties infiniment petites, je me croirois très-heureux si je pouvois contribuer de quelque chose à cette force, qui pourroit délivrer le monde de l’irréligion, ce monstre affreux qui le déchire aujourd’hui. Et si par hasard j’obtenois ce but, je serois par’là richement dédomagé de la honte qu’une critique trop sévère, ou sur le style, ou sur l’ordre, pourroit m’attirer de la part de ceux qui ignorent, que j’écris dans une langue étrangère, (ma langue naturelle n’étant connue que d’une petite partie du genre-humain,)& que c’est la premièe fois que je me méle du métier d’Auteur.



Table des Chapitres



1.      Chapitre I.- De L’Incrédulité et de la Superstition en général- pg.1- 13;

2.      Chapitre II.- Il est impossible de démonstrer que la Religion Chrêtienne soit ausse. Possibilité des miracles, & du mystère de la Trinité- pg.14- 27;

3.      Chapitre III.- Possibilité absolue du mystère de l’Economie de la Redemption, admis & reçu par les Chrêtiens- pg.28- 34;

4.      Chapitre IV.- Possibilitémorale du mystere de la Redemption du genre-humain- pg.34- 46;

5.      Chapitre V.- La Raison nous montre qu’il étoit nécessaire qu’il y eût une Révélation- pg.47- 62;

6.      Chapitre VI.- La vérité de la Resurrection du Sauveur démontrée- pg.62- 73;

7.      Chapitre VII.- Argument pour la vérité de la Révélation, tiré de l’accord entre la Raison & la Révélation dans tout ce qui est du ressort de la première- pg.74- 87;

8.      Chapitre VIII.- Nous ne sommes pas obligés de répondre aux objections des Incrédules, après avoir démontré la vérité de notre Révélation- pg.88- 94;

9.      Chapitre IX.- Les Incrédules ne devroient jamais divulguer leurs principes. Premier avantage que les Chrêtiens ont sur les Incrédules- pg.94- 101;

10.  Chapitre X- Second avanatage que les Chrêtiens ont sur les Incrédules- pg.101- 117;

11.  Chapitre XI- Troisième avantage que les Chrêtiens ont sur les Incrédules- pg.117- 126.

(Essai sur la foiblesse des esprits-forts, par J. T. de Sz. C. de S. E. R. [Joseph Teleki de Szek...] [Texte imprimé], Amsterdam : M. Rey, 1761, In-12, XVI-128 p.,
http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb314413185/PUBLIC)

Expozitia virtuala a fost realizata in urma rezidentei de creatie la Institutul Cultural Roman de la Paris
26.
Leçons Elementaires de Galanterie, par où l’on se fait fort de mettre une jeune Dame en moins de deux mois de tems en etât d’ecouter les Polissonneries les plus outrées de nos jeunes & vieux Daemoiseaux, & de souffrir les petites libertés, que ces heros entreprenans se permettent, sans s’effaroucher, comme ont fait les filles grossierement elevées du bon vieux temps. Imprimé à Paris aux depens de la cotterie des Galans qui tient ses Assemblées chez un Baigneur près des Thuilleries 1770.8vo.
25.
25. Eloge des Etourdis & des Sots de qualité, avec une Demonstration tirée de l’Histoire de tous les Siecles, & surtout de celui d’aujourd’hui, que leur defaut l’emporte le plus souvent sur le timide merite des gens de bon sens. In 8vo. Avec des Estampes des plus habiles Graveurs. 1770.
Comme on auroit pu prendre cet Ouvrage dicté par la sincerité, pour une Satyre, l’Auteur pour s’epargner l’importunité des Defis, & l’incovenient de se couper la gorge avec tous ceux qui dans tous les Pays se croiroient affrontés par-là, a voulu cacher son nom & le lieu de l’impression.
24.
Le parfait Bel-Esprit, ou agréables saillies sur la Religion, les Moeurs, l’amour conjugal, la bêtise des gens de bonne foi &c. Tirées des Oeuvres de Mess. De Voltaire, d’Argens, la Metrie, & les plus fameux Beaux-Espirits de notre Siecle. A Berlin. 1770. 8vo. Sur du papier Royal.
23.
Nouveau plan d’Education par la Lecture des romans a Strassbourg. 1770. 8.
L’Auteur se flatte par ce moyen de metre ceux de ses disciples qui ont du Genie, bientôt en etat d’en fournir le sujet eux-mêmes.
22.
Essai sur les moyens de captiver l’amour du menu peuple, ou l’Art de faire des Satyres contre le Gouvernement & les Ministres. Par le même. Avec les Notes & Additions du Docteur Musgrave. Imprimé à Londres. 1770. 8vo.
21.
Le vrai Patriote, ou Demonstration que c’est à une entiere Anarchie qu’on citoyen zelé doit viser. Composé par Mr. L’Esquire Jean Wilkes dans la prison de Newgate. Imprimé à Middlesex, par souscription. 1770.8vo.
20.
Reponse à la question, lequel de deux est préferable du Petite Maître ou du Pedant, & quel effét feroit sur l’un ou l’autre la saignée ou le lavement? Petite Brochure in 8vo.
19.
Examen de la fameuse question d’anatomie, agitée par quelques Savans de notre siecle, savoir si dans la tête des Petits-Mâitres il n’y a point de Cervelle, & s’il n’y en a pas, de quelle matière elle est remplie? Tiré des Observations des Chyrurgiens du Roi. Ouvrage qui a remporté le prix. A Monpellier, 1770.8vo.
18.
Memoires du Marquis de S... òu l’on voit par l’example de ce grand homme, que l’art de s’insinuer fait tout, & que sans lui on fait une trés-sotte figure avec le merite et la vertù seuls. Imprimé à Amsterdam. 1769. 8vo.
17.
Philosophie de Parure, ou l’art de se parer reduit en Principes, ou l’on donne de Loix invariables sur le differentes beautés des Coéffes, des Accomodages, & de toutes les parties de l’habillement de Dames.Par une Dame de Compagnie de Madame la Marquise.... A Paris, Chez le Marchand de Modes, prés de la Foire de St. Germain. 1770.8vo.
16.
Principes de Droit public puisés dans les meilleures Gazettes & particuliérement les justes Prétensions de Kuli-Chan sur le Throne de Perse, detaillées & demontrées contre celui qui par la voye de fait l’usurpe aujourdui, in Msto: On va l’imprimer per Prenumeration.
15.
Le moyen de briller du coté de l’esprit, ou Recueil des Bons-Mots, Madrigals, Sonnets, Impromptus, Chansonettes, &c avec les plus beaux airs de la façon de Mr. Rameau. Imprimé au Caffé des Beaux-Espirits près de l’Opera. 1770.4to.
14.
Occupations journalières d’une Dame du bel air, en quatre parties. La Ire comprend son Lever jusqu’ à la fin de sa Toilette, avec un Dialogue assorti à cette Epoque du jour. La Iide contient un detail des plaisirs de la table. La IIIe roule sur les differens moyens de remplir le grand vuide de l’après-diné par des parties de jeu, de visites &c. La Ive. Sur les Spectacles, Bals & le reste de la Soirée jusqu’à une heure après minuit. Le tout à la plus exacte riguer de la Mode. Ouvrage interessant, surtout pour les Villes Capitales, composé par une Société de Beaux-Esprits. Nouvelle Edition augmentée de beaucoup depuis l’année. 1769. A Paris au palais de Luxembourg. 1770. 4to.
13.
Traité òu l’on prouve que la Modestie n’est toute au plus qu’une vertu de femme, & que ce seroit affronter un homme comme il faut, que de lui en attribuer. Ouvrage anonyme composé par un Militaire de dix-huit and dans la première Campagne qu’il a fait. A Strasbourg 1769. 8vo.
12.
L’Art de plaire, appellé faussement Coquetterie, reduit en Regles fixes, avec des Remarques Critiques & Historiques tirées des Negociations secrettes du dernier Carneval de Venise. Imprimé à Venise. 1769. 8vo.
11.
Essai sur l’Education des enfans: ou Instructions sur le Manege, la Danse, l’Escrime, le jeu de Cartes, la maniere de se presenter, & en un mot sur toutes les belles qualités pour former une Personne de condition. A Paris. 1770. 8vo
10.
Traité Analytique, óu l’on prouve que le soin du Menage sent trop le Bourgeois pour une femme de condition, & qu’on en contracte ordinairement un air gaucher dans la Compagnie des Dames de Qualité. A Paris. 1770. 8vo.
9.
L’Esprit-Fort instruit: ou Cent jolies Blasphémes de la plus nouvelle façon avec l’art de les appliquer en Cavalier à la Mode. Imprimé à Saint-Marc. 1770. 4to. Sur de papier verd avec des characteres rouges, embelli des Vignettes.
On previent le Public, que ce livre n’est pas mieux conditionnés, l’ayant preté à differens Amis, qui l’ont lu à l’envi.
8.
Explication Philologique sur le langage des yeux, & de la maniere de s’en servir, destinée à l’usage de celles, qui pretendant faire des Conquettes. Ecrit par un ami du Sexe. Avec les plus belle Estampes enluminés. A Venise. 1770.12.
7.
L’Art de devenir grand Politique, ou le moyen le plus sûr de se debarrasser da sa Conscience. Ouvrage recueilli d’un vieux MS. Grec, du Testament Politique de Mazarrin, des Oeuvres de Machiavel &c. & confirmé par les Examples anciens & modernes. Imprimé à Ispahan en perse. 1770. 4to.
6.
Xantippe justifiée: ou les devoirs des hommes envers leurs femmes mis dans leurs vrai jour. Ecrit en Grec, & traduit dans toutes les Langues de l’Europe. Cinquantième Edition. Aux depens de la Compagnie. Imprimé à Zorndorff. 8vo. Avec des figures en Taille-douce.
5.
Le grand secret de se faire respecter avec peu de merite, ou la manière de s’enrichir. Composé originairement par un Juif Lettré d’Amsterdam, & traduit de l’Hebreu dans presque toutes les Langues. Nouvelle Edition révue & corrigée sur celle de Mr. Law. Ouvrage très utile à ceux qui veulent parvenir. A Londres 1770. 4to
4.
Recherches sur la question, s’il est juste qu’on a defendu au Beau-Sexe de se farder? On la decide dans ce Livre pour la negative. Autrefois le Sexe rougissoit par pudicité. Une partie mecontente de la simplicité de ce rouge naturel, l’abandonna aux Campagnardes, & y substitua l’artificiel. Accoutummée, comme elle est, à cette dernier façon de rougir, il est à craindre, qu’en le lui defendant, elle ne perde toute esperance de pouvoir rougir à l’avenir, ce qui la priveroit d’un ornement principal des beaux visages. Sans nom d’Auteur & Date de lieu. 8vo.
3.
Traité, ou l’on prouve par le concours des exemples du Siecle present, que l’Histoire du pretendu Suicide de la Matrone Romaine Lucrece est contraire á toute vraisemblance. Ecrit par une Societé de Dames de qualité. Imprimé a Venise 1770. 12. Relié en Maroquin.
2.
L’agreable Debauché: ou Demonstration que la Debauchén’est pas un vice, & que le Libertinage sert à former l’homme galant; opposé à l’ouvrage Gothique d’un Theologien atrabilaire. Imprimé à Sotteville in 4. 1770.
1.
Instruction d’une Mere à sa fille, ou agreables medisances pour chaque jour de l’année, & sur toutes sortes de sujets. Ouvrage très- utile aux jeunes Dames, qui vont entrer dans le beau Monde. Imprimé en Papier rouge avec des Characteres noirs. A Paris, deux petits Volumes in Folio. 1770. On peut trouver des Exemplaires dans toutes les villes de l’Europe & même en plusieurs endroits de la Champagne.

LEVAL, ANDRÉ; Un Opuscule Français Oublié du Comte Joseph Teleki

LEVAL, ANDRÉ; Un Opuscule Français Oublié du Comte Joseph Teleki; Extrait du “Könyviári Szemle”, No de janvier-mars, 1917; Budapest, 1917; A. Lantos, Libraire Éditeur.
-pg.3- J’ai eu la chance de trouver à la bibliotèque Ráday, à Budapest, un opuscule imprimé en langue française[i], intitulé: “Catalogue des livres curieux & interessans nóuvellement (sic) parus qu’on trouve chez Hisope Mocet Lieket libraire arrivé pour le dernier jour du Carneval (sic) de Pest, 1770. Le tout à un prix raisonable (sic)”. C’est un petite in-octavo de huit feuillets non chiffré, le dernier blanc; il est imprimé sur du beau papier vergé, et orné, au début, d’un en-tête gravé avec l’ecusson hongrois comme motif central, et, à la fin, d’un fleuron également gravé.
L’appellation si bizarre du “libraire” sollicita immédiatement, comme de juste, mon attention. Je ne tardai pas à y reconnaître un anagramme, et, bientôt, j’y déchiffrai, non sans une vive satisfaction,le nom de l’auteur de l’”Essai sur la foiblesse des esprits-forts”[ii]: Joseph (Hisope) comte (Mocet) Teleki (Lieket).
-pg.4- J’ajoute que la biographie du comte Joseph Teleki écrite par son fils Ladislas et publiée dans la Siebenbűrgische Quartalschrift (VII.Jahrg.1801, p.110-146) ne contient aucune allusion à cet opuscule[iii]; que les historiens de la littérature hongroise (Bajza, Toldy, Szinnyei) et les bibliographes (Petrik, Kont) l’ignorent; enfin, que je l’ai recherché en vain aux bibliotèques du Musée national hongrois et de l’Université de Budapest, ainsi que dans les catalogues des bibliotèques de province (bibl. Simor à Esztergom, bibl. de l’archevêché d’Eger, bibl. du séminaire épiscopal de Györ, bibl. du Musée Rákóczi à Kassa, bibl. du lycée protestant de Presbourg, bibl. du lycée protestant de sopron) que j’ai consulté. L’exemplaire de la bibliothèque Ráday, que l’érudit et aimable bibliothécaire, m. Le professeur Étienne Hamar, m’a autorisé à réimprimer, est donc une pièce unique jusqu’à nouvel ordre; et, par suite, la transcription textuelle, que l’on trouve ci-après, du “Catalogue” présente presque tout l’intérêt d’un ouvrage inédit.

Catalogue des livres curieux & interessans Nóuvellement parus qu’on trouve Chez Hisope Mocet Lieket Libraire arrivé pour le dernier jour du Carneval de Pest. 1770. Le tout à un prix raisonable.

[i] Relié à la suite du catalogue de vente de la bibliotèque du comte Nicolas Esterhazy à Vienne, en février 1766. Le recueil des deux pièces est coté: Hist.lit.384.
[ii] On se rappelle que cet ouvrage ne porte pas non plus le nom, mais seulement les initiales de l’auteur: J.T. de Sz.C.d.s.E.R.(Joseph Teleki de Szék Comte du Saint-Empire Romanin). La bibliotèque Ráday en possède (sous la cote: Philos.1366) un exemplaire de l’édition d’Amsterdam, chez M.M.Rey, 1761.
[iii] Mais elle fait bien ressortir (p.143) que l’épigramme faisait surtout la force du comte Joseph teleki: “Das Epigrammatische war besonders seine Stärke”.

6 Mars

 Je me suis rendu avec Monsieur Voissin chez Monsieur Rousseau, à Montmorency, environ à trois lieues de Paris.Voici bientôt sept ans que Monsieur Rousseau demeure ici, et il nous a raconté que, depuis ce temps, il n’a pas été à Paris. Il nous a dit qu’une fois il est allé jusqu’au Boulevard, qu’il est même entré dans une maison donnant sur ce Boulevard, mais qu’il n’a pas mis les pieds dans une rue de Paris. Ni Monsieur Voissin ni moi ne connaissions Monsieur Rousseau, mais Monsieur Voissin lui avait expliqué par lettre le but de notre visite. Monsieur Rousseau avait commencé par s’excuser, alléguant ses travaux, mais Monsieur Voissin nous ayant annoncés, il nous attendait de bon coeur. Monsieur Voissin lui ayant écrit que nous arriverions hier, jeudi, il était venu à notre rencontre jusqu’à Saint-Denis. Saint-Denis (pg. 119) se trouve àune lieu et demie, c’est-à-dire à une heure, de Montmorency. Nous n’avons malheuresemnet pas pu partir hier, Monsieur Voissin ayant un travail urgent à faire. Le pauvre Monsieurs Rousseau dut donc rentrer sans nous avoir rencontrés, ce que nous avons fort regretté.
(pg. 118)

voir aussi:
http://www.clairaut.com/n9novembre1760po1pf.html
http://www.clairaut.com/n6janvier1761po1pf.html

2 Mars

Saint-Germain se trouve à environ cinq lieues de Paris. Son vieux château, ancienne demeure des Rois, n’est pas du tout beau de l’extérieur. Comme il faisait mauvais, nous ne sommes point entrés voir l’intérieur. Il a quatre bastions selon l’ancien goût.Tout près de Saint-Germain, il y a une forêt où le Roi a l’habitude de chasser et où il a chassé aujourd’hui même. Afin de la voir, nous sommes allés du logis de Monsieur Ferner, dans la forêt, au lieu-dit du “Rendez-Vous”. C’est là que le Roi, venant de Versailles, quitte son carosse pour monter à cheval et c’est aussi l’endroit où les chasseurs se réunissent. On y voit un petit bâtiment n’est pas beau, mais vu son peu d’utilité, ce ne serait vraiment pas nécessaire qu’il le fût.
 Rentré bien tard, vers les neuf heures, j’ai demandé à Monsieur Clairaut les poésis du jésuite Boskovits, écrites en langue latine, à Londres, et traitant des taches sombres du Soleil et de la Lune, à l’occasion des éclipses. Monsieur Boskovits est originaire de Raguse, dit-on. Il a passé quelques mois à Paris et, plus tard, il a séjourné àLondres où, vu ses mérites, il a été élu membre de la Société Royale, bien qu’il soit jèsuite. Rentré à Paris, il va repartir pour Constantinople afin de pouvoir observer le passage de Vénus devant le Soleil. On le dit très habile.
(pg. 114, 115)







http://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Saint-Germain-en-Laye

26 Février

  • Cet aprés-midi, avant la Comédie je suis passé chez le libraire Briasson qui a fort bons livres anglais. Il est seul à en avoir et il les vend fort cher. Cependant, pour me perfectionner dans cette langue et pour leur valeur propre, j’ai l’intention d’en acheter quelques volumes. Ils sont bien rares chez nous.
Il faut reconnaître que dans les livres des Anglais il y a plus de science et de sens que dans ceux de n’importe quelle autre nation. De quelque partie de la science que l’Anglais s’occupe, toujours il surpasse les autres peuples. Pourqui en est-il ainsi? Se demande-t-on. Je n’ai pas le temps d’examiner cette question; je me borne à dire que la richesse du peuple y est pour beaucoup. Dans une nation riche, il se trouve toujours beaucoupe d’hommes qui, n’étant pas occupés par le souci de se procurer le pain quotidien, ont davantage le loisir et l’envie de s’occuper de la science. Là où les fervents de la science sont plus nombreux, il y a plus de savants et les savants d’une telle nation en savent plus que les autres savants. Un peuple pauvre est facilement ignorant. Cependant, il ne faut pas une aussi grande richesse qu’on pourrait le croire. En outre, la forme du gouvernement du pays anglais est très favorables à la science. Chacun peut penser et dire ce qu’il veut alors que dans d’autres pays, non seulement il est défendu de parler, mais encore il est défendu de savoir. Tout cela ne concerne point mon Journal, mais j’y ai pensé, faute d’autres sujets, et j’ai recopié mes pensées.
En ce qui concerne mon achat, je me suis procuré chez Monsieur Briasson le Dictionnaire Anglais de Boyer, in 80, en deux volumes, et les Oeuvres d’Addison, in 80, en deux volumes.
(pg.112)

marți, 27 martie 2012

25 Février

Ce Monsieur Bougainville, comme je l’ai déjà dit plus haut, a l’intention d’écrire une histoire de la Hongrie. Sa conversation montre qu’il connaît bien les affaires du pays hongrois. Il m’a instamment prié de lui procurer un livre, fort rare dit-il, et qu’il est incapable de trouver. Il s’agit du livre de Verböczi: “Tripartitum Jus”. Plus tard, j’ai compris qu’il le confondait avec le “Corpus Juris Hungarici” qui, publiant les sentences des Diètes et par cela éclaircissant maints points de l’histoire, lui serait de la plus grande utilité. Après avoir compris la différence entre le “Tripartitum” de Verböczi et le “Corpus Juris”, il me dit lui-même que le “Corpus Juris” lui serait plus utile, et que les deux livres sont fort rares, à Paris. J’ai répondu qu’ils étaient fort communs chez nous et que, dés mon retour, je les lui ferai parvenir tous les deux. Il a l’intention d’écrire une Grande Histoire et, comme il l dit, sans parti pris. On peut attendre de lui une Histoire qu’un bon patriote hongrois écrirait. Il est encore jeune, mais déjà fort souffrant. Aujourd’hui il va bien, dit-on, mais demain il peut mourir. On dit qu’il a de l’”apostème”.
(pg. 111)

23 Février

Déjeuner chez le Comte Starhemberg. Le marquis de Los Rios, de retour de Madrid, y éait aussi.Avant le déjeuner, je me suis promené à pied, en redingote comme c’est la mode, et j’ai acheté certaines images imprimées en rouge avec une matière ressemblant à laflrespagnole. Ce sont les potraits, fort ressemblats, du Roi et de la Reine de France. Celui du Roi ressemble à son modèle comme un portrait fort travaillé pourrait le faire. Puis, un double portrait d’Henri IV et de la reine, son épouse. Le portrait d’Henri IV ressemble à ceux qui ont été exécuté par les meilleurs peintres du Roi. Il ressemble aussi à ceux des tableaux du célèbre Rubens que l’on voit dans la Galerie du Palais du Luxembourg et à la statue de cuivre de Roi, sur le Pont- Neuf. En outre, j’ai acheté le portrait du Roi de Danemark. Selon les Danois, ce portrait est fort bon.
(pg. 110)

17 Février

Lorsqu’un homme est présenté à une Princesse du sang, la coutume exige que la princesse avance et que l’homme, comme s’il voulait l’embrasser, penche la tête sur la gorge de la dame. Il en fut ainsi, bien que la Princesse, souffrant d’un rhume, ait été couchée sur une chaise aussi longue qu’un lit.
(pg. 106)

16 Février

  • Monsieur d’Anville a de nombreuses cartes géographiques, dessinées pour la plupart de sa propre main. Il est membre de l’Académie des inscriptions. Il est vieux, mais s’il reçoit les autres comme ilm’a reçu, il est fort civil envers les étrangers. Il m’a conduit à la Bibliothéque et m’a présenté au Bibliothécai. Ensuite, nous nous sommes rendus chez  l’abbé Barthélémi qui, étant ccupé, nous a priés de venir vers dix heures au Cabinet des Médailles du Roi où il devait recevoir plusieurs étrangers.
Nous nous sommes donc rendus à son invitation et je dois avouer que j’ai vu la plus admirable collection numismatique de l’Europe. Nous n’en avons visité que la dixième partie et c’était déjà beaucoup. Il y a là toute une collection des médailles d’or de Louis XIV. Elle doit sa valeur à l’or qu’elle contient. Leur valeur scientefique pour l’histoire de Louis XIV, est nulle. On estime les médailles antiques pour ce qu’elles éclairent, rectifient et approuvent l’histoire antique. Ce n’est pas le cas des médailles vaniteuses des Français.
Parmi d’autres choses, il y a dans cette collection une médaille frappée à l‘occaion de la prise de la Cathédrale de Strasbourg, après l’occupation de cette ville par les Français. Une des faces représente le dessin de Strasbourg, me semble-t-il, ou bien elle y fait allusion; sur l’autre on voit une torche allumée et cette inscription: “Sacra restituta” ou bien “Sacris restitutis”. Je l’ai montrée à Monsieur Bér, professeur de Strasbourg qui était aussi dans le Cabinet. Je lui ai demandé ce que cela pouvait bien signifier. Enfin nous avons trouvé la solution du problème.
Un acte si peu valeureux que de prendre l’église de ses sujets, mérite-t-il un tel triomphe: la frappe d’une médaille? C’est comme si je prenais le champ de mon serf et que je frappe une médaille pour perpétuer le souvenir de mon haut fait. Hélas! Combien de médailles les zélateurs hongrois du Pape auraient-ils le droit de frapper. Mais foin des réflexions.
(106) j’ai vu les effets trouvés dans la sépulture de Childéric: son épée, son harnais, enfin une bague portant son nom et qui avait assurément contribué à identifier son corps. La taille de cet chevalière est très laide. On y voit une tête d’homme, et notre tzigane la taillerait mieux.
J’ai vu encore beaucoup de choses, mais ici je ne peux parler de tout. D’ailleurs c’est superflu, car il y a des livre à cet sujet. Le Palais du Cabinet est très beau. L’abbé Barthélémi est une homme fort civil et très versé dans la numismatique.
(pg. 105- 106)

12 Février

  • Je suis allé à cheval, avec Monsieur Ferner, jusqu’à Madrid qui se trouve au milieu du Bois de Boulogne, à e heure de Paris. On appelle “Madrid” l’édifice construit à l’imitation de la Résidence Royale de Madrid. François Ier l’avait ordonné ainsi pour pallier à son parjure envers Charles V. L’édifice appartient à un particulier, Monsieur de Pelletier, qui le tient du Roi. C’est d’ailleurs un vieux bâtiment délabré et difforme.
(103) De là nous sommes rendus à Saint-Cloud. C’est le Château du Duc d’Orléans, premier prince du sang. Le Château est grand, beau et bien construit. La Galerie vaut la visite; on y voit de nombreuses peintures de Mignard, peintre français. Dans les autrs pièces il y a aussi de beaux tableaux représentant, pour la plupart, des femmes fort légèrment vêtues.
Dans une pièce, je fus très surpris de voir le portrait de Martin Luther parmi ceux de plusieurs grands hommes. Le portrait du grand hérétique n’aurait pas partout un place si honnête.
De là, nous sommes allés visiter la “Belle-Vue”. N’ayant pas demandé la permission de celui qui en est chargé, nous n’avons pas pu entrer. Cette “Belle-Vue” a d’abord appartenu à Madame de Pompadour qui l’avait, d’ailleurs, fait construire. Cependant, elle en fait cadeau au Roi à qui la “Belle-Vue”. Plaisait beaucoup. Elle mérite vraiment son nom, car la vue y est admirable. Elle est située sur un coteau d’où l’on domine toute la campagne. De l’autre côté une colline bouche la vue.
Ensuite, nous nous sommes rendus à Meudon, non loin de Saint-Cloud. Le Roi y a un château fort bien situé. Le bâtiment est beau, mais on en a déménagé tous les meubles. Personne n’a pu me dire pourquoi. Le Roi n’a pas été dans ce château depuis fort longtemps, quinze ans, dit-on. Le Dauphin y vient quelquefois, mais sans séjourner longtemps.
(pg. 102- 103)

10 Février

Arrivés à Versailles, comme l’habitude, je me suis rendu avec les Ambassadeurs chez le Roi. Après le lever du Roi, je me suis rendu chez la Reine.
Je n’ai pas fait les autres visites de rigueur, mais nous sommes allés voir le Parc de Versailles avec une abbé du nom de Borgars auquel Monsieur de la Condamine avait demandé de nous conduire.
Pendant ce temps le Roi a été à la messe et les Ambassadeurs, après la messe, ont rendu visite à la Famille Royale.
Le Parc est d’une grande beauté, aussi bien dans son plan général que dans les détails. Les nombreuses statues sont d’un beau travail. Le jardin se compose d’un “petit” et d’un “grand” parcs. A vrai dire, seul le “petit parc”, peut être considéré comme une jardin, le “grand parc” n’étant qu’une forêt et un pré. On ne l’appelle “jardin” qu’à cause de sa clôture de pierre, mais il est labouré, où la forêt le permet, comme n’importe quel champ. Son pourtour est de quatorze lieues, dit-on, ce qui représente une demi-heure de trot.
Dans le “petit parc” il y a un grand lac que l’on dit aussi grand que le Jardin des Tuileries. A le voir je ne l’aurais pas pensé. Ce lac s’appelle “Pièce des Suisses”, car c’est la Grande Suisse qui l’a creusé. On parle beaucoup d’un autre lac fort long et disposé en croix, que l’on appelle “Le Grand Canal”, certainement à cause de sa longuer. Il y a aussi le “Labyrinthe” avec ses jets d’eau représentant les animaux des fables de Phèdre. Les statues sont modelées dans un alliage de cuivre et d’étain. Nous n’avons pas pu entrer dans le “Labyrinthe”  qui était fermé, mais nous avons vu quelques sources. L’eau jaillit du nez ou de la bouche des animaux. Cependant, les jets d’eau ne sont en action qu’à des occasions plus importantes.
Une “Colonnade” en pur marbre est fort réputée. Le lac de Neptune est très beau; bref, le Jardin entier est royal.
Je n’ai pas vu tous les détails, mais je ne pourrais même pas décrire ce que j’ai vu. Je me contente d’une description superficielle.
Les statues sont en marbre. Celles qui sont érigées au milieu de l’eau comme dans l’un des lacs, Apollon avec les Chevaux du Soleil,- dans l’autre Neptune avec son cortège,- dans quatre autres les Quatre Saisons, etc..., sont travaillées dans un alliage composé de cuivre et d’étain.
Le jet d’eau le plus fort monte à quatre vingts pieds, dit l’abbé.
(102) Près du jardin, sous un hangar, construit à cet effet, j’ai vu la maquette en plâtre de l’École Royale Militaire. La construction sera faite selon le modèle. Le partie déjà prête couvre à peine un cinquième du terrain, la partie à construire nécessite une dépense plus de dix fois supérieure à celle qui a été faite jusqu’aujourd’hui.
Sous un autre hangar, j’ai vu la maquette en plâtre de la Place Louis XIV. Cette place sera édifiée, et sa construction est déjà commencée, à l’extrêmité des Tuileries, c’est-à-die aux Champs-Elysées, l’emplacement qui va du jardin des Tuileries jusqu’au Bois et qui empiète peut-être encore sur une partie du Bois.
Au milieu de la Place s’élèvera la statue du Roi.
(pg. 100-102)

8 Février

Après avoir admiré cette mécanique, nous sommes allés voir le Château Royal de Marly. (La mécanique se trouve dans la voisinage de Marly).
-Le Château est construit dans une forêt. Le bâtiment que le Roi habite n’est pas très beau, ni très grand. Il n’a que neuf fenêtres de chaque côté. Les chambres sont bonnes, mais sans splendeur. Il y a une cuisine où, quelquefois, le Roi fait sa cuisine et une tour où, suvent, l travaille.
Les chambres de Madame de Pompadour sont un peu plus belles que celles du Roi. La maison est petite, mais le jardin est sans défaut. Les statues en sont fort belles et toutes sont en marbre. Les plus célèbres de ces statues sont: “Les enfants de Bacchus avec une chèvre”, une “Vénus” à belles fesses, et d’autres encore.
Dans le jardin et de chaque côté de la maison du Roi, il y a cinq ou six petits pavillons, sans magnificence, pour les Ministres et les Princes du sang. Chaque pavillon a trois fenêtres, cependant chacun contient dix lits.
(pg. 100)

7 Février

  • Ce matin je suis allé de nouveau au Palais Marchand et je suis entré dans la sale du Parlement Celle-ci est très belle. Le plafond est vieux mais de bonne construction . Des figures que je crois être de bois, pendant au plafond.(p. 97)

1 er Janvier

Ce matin je suis allé à Versailles. C’est le jour où les ministres ont l’habitude d’y aller. Ceux qui ont été présentés au Roi peuvent également y aller. J’ai donc décidé de m’y rendre. Le Parlement et la Ville de Paris envoient aussi des députations pour féliciter le Roi. En outre il y a une procession des Chevaliers de l’ordre du Saint-Esprit, aussi se rend-on à la chapelle.
Le Roi étit vêtu du manteau de cérémonie de l’ordre. Ce manteau est noir, au col il y a une chaîne d’or avec des agrafes aux épaules es chevaliers. Les nombreuses agraesffectent la rme d’un homme et des ares.Je n’aipu distinuer que ces deux emblêmes qui symbolisent sans doute la nature de l’ordre.
Un courtisan fort civil m’a introduit dans la chapelle en m’assignant une bonne place. J’aurais pu tout voir, mais sachant qu’il n’y aurait que la messe, aprés avoir regardé l’église et préxtat le froi, e suis sort. Pennt a messe (on en dit trois) bon gré, mal gré ‘arais dû m’agenouiller, ce que je ne voulais pas.
Avant la messe, selon la coutume, je suis allé chez le Roi avec les Ambassadeurs. Il était en train de s’habiller. Il changait de cemieet, ne pouvant faire autrement, il nous montrait toute sa nudité.
Nous avons été ensuitechezle ils aîné du Dauphin, le duc de Bourgogne. Puis le Roi, en dernier, suivit la procession des Chevaliers de l’ordre du Saint-Esprit, habillés comme je l’ai décrit plus haut. (Chacun avait un drôle de col ou cravate en dentelle.)
Après la messe nous nous sommes rendus chez les membres de la Famille Royale et, enfin, chez Madame de Pompadour que je n’avais jamais vue aupravant. Chez elle, les Ambassadeurs n’ont pas l’habitude d’entrer. Cette Madame de Pompadour est la “maîtresse” du Roi de France. Elle a une certaine maladie qui empêche le Roi de coucher avec elle, aussi elle pourvoit à son ancienne charge auprès du Roi en lui procurant presque chaque mois une nouvelle compagne. Quand celle-ci n’intéresse plus le Roi, il lui accorde une pension et une autre est prête à prendre sa place. Chacun s’étonne de voir que l’intime liasion, qui lui a acquis les faveurs du Roi, étant rmue epuisdes années, le Roi tienne encore tellement a cette vieille maîtresse. On dit qu’elle sait divertir le Roi qui s’ennuie souvent et qu’elle peut ainsi garder son attachement. D’ailleurs autant le Roi l’aime, autant le peuple de France la déteste. Elle peut avoir 38 ans. Elle est d’une corpulence et d’une taille moyennes. Ses yeux sont gris de cendre. Elle semble belle, mais pas de la plus grande beauté. Peut-être a-t-elle été plus belle autrefois. Elle a une bonne conversation et sa fierté cache bien sa basse extraction,- son père était boucher. Elle était debout, comme les Ambassadeurs. Mais c’est assez parlé d’une putain.
Nous avons déjeuné comme d’habitude chez le Duc de Choiseul, après quoi chacun rentra. J’en ai fait même.
(pg. 82)

31 Janvier

Ce matin je suis allé à Saint- Denis, à une heure de Paris. Les Bénédictins y ont un cloître, grand et superbe bâtiment. L’église servant de lieu de repos aux Rois de France, appartient à ce cloître. Chaque étranger est curieux de visiter cet endroit et moi-même j’y suis allé.
L’église est assez belle, mais peu riche. Les tombeaux des Rois ajoutent à sa beauté. Ces tombeaux de marbre sont dehors, exceptés ceux de Henri IV et de Louis XIII qui sont, selon ce que m’a dit le gardien, (il y en a deux chargés de l’église), dans la Cave où on ne peut entrer, la porte étant fermée par une dalle.
Les rois futurs auront, sans doute, leur sépulture ici.
La sépulture de Louis XIV est encore dehors et reste là du vivant du Roi actuel. A sa mort le corps de celui-ci sera transféré dans la crypte et le corps du roi actuel sera déposé dans la sépulture du dehors. (...)
J’ai visité le trésor de l’abbaye où il y a de nombreuses reliques: les morceaux véritables du bois de la Sainte Croix, une épine véritable de la couronne de Notre-Seigneur, un gros clou, un de ceux qui ont servi à crucifier Notre Sauveur. Et on doit croire tout cela sans hésitation, car c’est d’un moine che je le tiens. Il le tient lui-même d’un autre moine. Le premier moine l’a reçu de Saint Louis qui l’avait reçu lui-même de l’Empereur de Constantinople et celui-ci n’aurait, sans aucun doute, donné ces reliques, s’il avait pu douter de leur authenticité, et ainsi de suite. (...)
J’ai vu dans ce trésor une grande coupe taillée très artistiquement dans une grande pierre nommé agate. Elle peut bien contenir un litron hongrois. On dit qu’elle a peu de valeur.
J’ai vu la copie de la couronne avec laquelle le Roi de France fut couronné en 1722. Quant à la grandeur, les pierres sont les mêmes. Mais celles de la copie ne sont pas précieuses. Si c’est vrai, la couronne doit avoir entre autres, un diamant de la grandeur d’un florin allemand, mais de forme oblongue et qui doit valoir, dit-on, plus de 3 milions de livres; toute la couronne vaut 80 milions environ.
J’ai vu la couronne de Saint Louis; il y a là un grand rubis, plus grand qu’une petite noix et que l’on dit aussi très précieux. D’ailleurs j’ai beaucoup vu, mais ce serait trop long à décrire.
(pg. 93, 94, 95)